21. UN GRAND COUP DE BLUES

Le vin rouge sirupeux coule dans nos coupes ovales.

Nos humains de Terre 18 ayant découvert la vigne et ses multiples utilisations, voilà qu’on nous en propose. Nous mangeons et buvons au Mégaron, la cantine des élèves dieux.

Au dîner, le soir, contrecoup d’un après-midi tendu, je me sens morose. Je m’assieds un peu à l’écart, je n’ai pas envie de discuter avec les autres. Je sens mon peuple dauphin condamné. Il a beau se démener, innover, nouer des alliances, il est à peine toléré dans un monde de barbarie où le plus fort impose toujours sa loi.

Mon regard se tourne naturellement vers le sommet de la montagne.

Une chanson ancienne du groupe Genesis, Dance on a volcano, me revient en tête. Le refrain dit à peu près ceci :

 

« Il faut te dépêcher d’atteindre le sommet.

Tu es à mi-chemin

Et la charge que tu portes te brise l’échine.

Jette-la, tu n’en auras plus besoin là-haut.

Mais souviens-toi,

De ne jamais regarder derrière toi. Quoi qu’il advienne,

Assure bien ton pas.

Dans le feu et dans le combat c’est ainsi qu’avancent les héros.

Avance ton pied gauche et avance dans la lumière

La fin de cette montagne est la fin de ce monde. »

 

À mi-chemin… suis-je seulement à mi-chemin ?

Un peu plus loin, Mata Hari, Freddy, Gustave, Georges Méliès et Raoul se sont rassemblés et boivent un alcool plus fort à base de vin cuit sucré. Je décline cet apéritif et reste rêveur, la tête posée sur mes mains comme un œuf sur un coquetier.

Après tout, je devrais me réjouir que mon peuple ait survécu à tant de périls, je devrais être heureux de m’être tiré des griffes du peuple scarabée. Mais non, j’ai l’impression que tous mes efforts sont systématiquement interrompus. Je tombe amoureux d’Aphrodite et elle me trahit. Je me raccroche à mon mentor Edmond Wells et il est éliminé par Atlas. Même Marilyn, la si jolie, la plus douce d’entre nous, est tombée sous les coups d’un assassin, et voilà, je me sens seul, perdu en Aeden.

Même le déicide m’indiffère. Qu’il me frappe et qu’on en finisse. Je ne suis pas un bon élève dieu. Je m’évertue au travers de mon peuple à bien me comporter, et au final, pour quel résultat ?

Je regarde encore la montagne. Qui est là-haut ?

Est-ce SON œil que nous avons vu surgir de l’horizon ?

Pourquoi l’intéressons-nous ?

Des hypothèses apparaissent spontanément : Et s’il nous admirait ? Et si, là-haut, un dieu cynique ou fatigué se distrayait à voir s’essouffler et dépérir ceux qui tentent de l’imiter ou de le rejoindre ? Dans ce cas son œil serait comme l’œil d’un humain qui peut sembler lui aussi énorme en s’approchant pour observer les hamsters dans leur cage…

Une autre hypothèse s’enchaîne.

Et si nous étions en enfer ? Si le but du jeu était de nous torturer à petit feu en nous faisant croire que nous pouvons influer sur le cours des choses alors que nous sommes en réalité impuissants ? Être dieu est peut-être… une punition pour les âmes arrogantes.

Dans ce cas, si c’est notre supplice d’être là, les derniers à rester dans le jeu souffriront plus que les premiers à être éliminés. Comme ces hippopotames qui en temps de sécheresse se réfugient dans les flaques de boue. Au fur et à mesure que l’eau s’évapore, les combats deviennent féroces. Et au final, le rescapé se retrouve à agoniser lentement, seul face au soleil, parmi les cadavres de ses congénères vaincus.

« Nous sommes probablement dans un roman », avait avancé Edmond Wells.

« Nous sommes dans un jeu de téléréalité », avait suggéré Raoul.

« Nous sommes dans un abattoir, disait Lucien Duprès, et vous êtes les complices des mises à mort progressives des civilisations. » Duprès… le premier éliminé volontaire. Il était parti, écœuré, dès qu’il avait entendu les règles. Et s’il avait eu raison… ?

J’aimerais posséder la bonhomie de mon ami Freddy Meyer qui, en dépit de la perte de son amour, arbore un visage digne. « C’est un péché que de ne pas cultiver sa joie intérieure », affirme l’ancien rabbin.

La Saison Hiver apporte les plats du jour. Des feuilles de vigne farcies de courgettes, des nouilles, des rouleaux de pâte de riz fourrés de légumes et de petits morceaux de viande. Ainsi, une fois de plus, on nous fait manger des plats assimilés aux nouveautés culinaires découvertes par nos peuples dans le jeu. Sans oublier la présentation : des carottes sculptées ou des feuilles de salade disposées comme des forêts. Ils ont pensé à tout, pour que même en nous restaurant, nous restions dans le jeu d’Y. Depuis les premiers repas composés uniquement d’œufs crus il y a un progrès que nous apprécions.

Une Heure nous amène de nouvelles amphores de vin. J’avale une belle rasade d’un liquide rouge et épais. Que c’est bon. Le vin réveille le palais et me réchauffe en même temps. Tous les aliments, viandes ou végétaux, sont généralement morts. Le vin, lui, me semble un liquide vivant. Je bois ce sang végétal frais. Et je bois encore. Ça commence à bouger sous mon crâne comme si mes deux hémisphères se frottaient l’un contre l’autre.

— Tu craques, Michael ?

Mes hémisphères arrêtent de danser. À l’intérieur, des idées s’alignent pour former un rail. Ma bouche pâteuse s’ouvre et se ferme presque malgré moi.

— Les hommes-scarabées, une civilisation si belle s’effondrant comme un château de cartes… ils ne méritaient pas ça, articulé-je difficilement.

— Ils ont persécuté les tiens. Tu as le droit de te réjouir de leur chute.

— Ils méritaient de vivre. C’était une vraie civilisation originale. On ne peut pas jeter aux ordures des milliers d’années de culture. C’est… INDÉCENT.

Raoul adopte l’expression compassée que je connais si bien.

— Où est la communauté idyllique de Lucien Duprès sur Terre 17, où sont les hommes-tortues de Béatrice, où sont les femmes-amazones de Marilyn Monroe ? demandé-je.

Il éloigne l’amphore de vin. Je poursuis :

— … et sur Terre 1, les Sumériens, les Babyloniens, les Égyptiens de l’Antiquité, et puis les Crétois, les Parthes, les Scythes, les Mèdes, les Acadiens, les Phrygiens, les Lydiens… Tous ces peuples avaient aussi le droit de vivre et ils ont pourtant disparu ! DISPARU. Pfuiit ! Plus rien.

— Moi, je crois au darwinisme en matière de civilisation. Les plus faibles et les moins adaptées disparaissent, répond-il.

— Je n’aime pas Darwin, il justifie le « cynisme historique ».

Je récupère l’amphore et me sers encore une rasade de vin. Ma bouche commence à être tiède, je sens mes dents qui me picotent, à nouveau mon cerveau entre en ébullition. Je fixe mon verre tout en le faisant tourner.

— Je me souviens des documentaires animaliers quand j’étais sur Terre 1. Il y avait toujours des grands fauves qui poursuivaient des gazelles et qui les attrapaient au ralenti.

Raoul refuse d’un geste que j’emplisse son verre.

— Quel rapport avec la chute des civilisations ?

Je me suis toujours demandé comment ils faisaient, sachant que pour tourner au ralenti il faut que le moteur de la caméra tourne très vite et que cela use beaucoup de pellicule. Comment assurer la bonne prise, sachant que la plupart du temps la gazelle arrive à s’en tirer ? Je te pose la question.

— Je ne sais pas.

— En fait tout est préparé. Il y a des zones dans les réserves qui sont aménagées spécialement pour filmer au ralenti ce genre de scènes. La gazelle est piquée à l’anesthésique. Le lion est capturé la veille et privé de nourriture pour être affamé donc motivé. Ensuite on les place dans une zone triangulaire fermée où la gazelle ne pourra emprunter qu’un seul chemin. Le lion est lâché de manière à l’attraper pile au bon endroit avec la bonne lumière. Les documentaristes payent pour qu’on leur organise cette mise en scène parfaite, facile à filmer même au ralenti, dans le bon axe bien éclairé par le soleil, pas à contre-jour.

— Où veux-tu en venir ?

— La question est : pourquoi filme-t-on cela ? Pourquoi cela fascine-t-il tellement les humains de voir les lions manger des gazelles au ralenti avec tous les détails bien éclairés ?

Il prend un air intéressé.

— Parce que c’est la nature.

— Parce que ces images illustrent pour tous le concept du plus fort qui vainc le plus faible. Le lion mange la gazelle. Nous sommes tous en compétition. Le dur tue le doux. C’est le message darwinien qui nous est transmis par ces soi-disant documentaires animaliers.

Je fixe mon ami dans les yeux.

— Mais pourtant la compétition n’est pas la voie de l’évolution. J’en suis persuadé. Plutôt que de montrer le lion qui attrape la gazelle, on pourrait montrer d’autres choses… les fourmis qui s’associent aux pucerons pour produire du miellat. Les manchots qui se réunissent pour résister ensemble au froid en se communiquant leur chaleur corporelle.

Ma vague de lucidité repousse les molécules d’alcool dans mon cerveau, mais j’ai envie d’en reprendre.

— Encore tes utopies, Michael. Tu as une vision trop simpliste du monde. Heureusement que tu ne votes plus sur Terre, je n’ose imaginer tes choix politiques.

Il m’énerve.

— Je votais blanc. Pour montrer que j’étais pour le vote mais contre les partis présentés. Ou alors je votais pour bloquer les gens qui me semblaient les plus antipathiques.

— Ouais, c’est bien ce que je pensais, tu es politiquement « immature ». Même pas capable d’assumer d’être de droite ou de gauche.

— La politique c’est de la poudre aux yeux. Les politiciens n’ont pas de vision, pas de projets, ils sont juste bons à jouer sur des petites phrases et des effets ponctuels. Dès qu’ils sont au pouvoir ils se retrouvent à gérer le gros bateau d’une administration qui de toute façon s’en fiche qu’on soit de droite ou de gauche. Moi je te parle d’une vision en perspective de l’histoire !

Je reprends l’amphore. Et je bois.

— Je te parle de l’espoir d’un monde meilleur… En fait dans la nature la coopération est bien plus importante que la compétition. Déjà, au sein même de nos corps, il y a l’alliance de plusieurs types de cellules spécialisées en vue de créer un organisme plus performant. Les fleurs ont besoin des abeilles pour transporter leur pollen ailleurs. C’est pour cela qu’elles arborent de si jolies couleurs. Les graines de certains arbres doivent être transportées loin pour ne pas pousser dans l’ombre de l’arbre parent, donc ils se débrouillent pour attirer des écureuils.

— Qui les mangeront.

— Et les feront voyager pour les déposer ailleurs avec leurs excréments comme fertilisant. Partout il y a de la coopération… partout au final il y a de l’alliance. Il y a de l’amour. Darwin se trompe. Au bout du compte, c’est l’alliance qui gagne, pas la compétition.

Raoul me regarde bizarrement. Comme si, entre deux verres de vin, je devenais encore plus inquiétant.

— Tu peux toujours rêver ou énoncer des théories, Michael. Souviens-toi des actualités de la Terre. Les guerres n’étaient pas mises en scène, il me semble.

— Crois-tu ? dis-je en buvant d’un coup.

J’articule :

— La vision de la guerre entraîne la peur. LA PEUR. La peur rend les gens malléables. Après tu en fais ce que tu veux. C’est l’une des toutes premières motivations de nos actes.

Je profite du prétexte d’un nouveau verre de vin pour sourire, puis éclater d’un rire forcé.

— Ils nous ont par la peur ! LA PEUR ! ! ! ! !

J’ai crié très fort. Mon ami me fait signe d’être plus discret. Déjà des visages se tournent vers moi.

— Maintenant, fiche-moi la paix, Raoul.

Mon ami hésite, puis me tourne le dos et continue de manger, comme si je n’étais plus là.

Je suis à nouveau seul et je sais qu’ils m’observent. Je demande une nouvelle amphore à une Saison qui passe, et je bois. Comme il est désagréable d’avoir l’impression de comprendre alors que les autres n’ont pas compris. Comme il est désagréable d’être conscient.

J’ai envie d’oublier.

Oublier le peuple dauphin.

Oublier Aphrodite.

Oublier Marilyn et Edmond, Raoul et Freddy.

M’oublier.

Je me lève et dresse haut mon verre. Comme lorsque j’essayais de trouver l’unanimité dans l’alliance durant le cours, tous les regards sont sur moi. Je lance à la cantonade :

— JE PORTE UN TOAST. JE PORTE UN TOAST AUX TROIS… AUX TROIS LOIS DE L’OLYMPE : LE MENSONGE, LA TRAHISON ET L’HYPOCRISIE.

Je titube. Le sol se dérobe sous moi. Je suis sur le point de m’effondrer quand une main me rattrape par le coude.

— Viens, dit Georges Méliès, je te ramène chez toi.

Je donne un coup sec pour me dégager et lève de nouveau mon verre.

— On s’ennuie à mort ici. Holà, les Charités, jouez-nous un peu de rock and roll, j’ai envie de danser. Ou bien de la techno. Vous n’allez pas me dire que vous ne connaissez pas la techno ou le hip-hop en Aeden. Et vous, les Saisons, qu’est-ce que vous faites ? Mon amphore est vide. De qui se moque-t-on ! On est des dieux quand même. Allez. Amenez-en une autre.

Sous mon injonction une Heure s’active à m’apporter une grande amphore de vin rouge aux relents de bois de chêne.

— C’est ça le problème ici, le service trop lent, les vins pas assez diversifiés. Je suis désolé, mais votre Aeden je ne lui mets pas trois étoiles. Dans le style club de vacances j’ai vu mieux. Avec des buffets à volonté. Fromages et dessert. Et puis j’aimerais bien au petit déj’ un peu de corn flakes et du bacon et des œufs brouillés.

Quelques approbations fusent.

— Ouais, les amis. On est tous d’accord, et puis il faudrait une piscine. Au centre d’Olympie. Il fait trop chaud. Et puis quand on dirige nos peuples ça serait pas mal qu’on nous apporte des boissons fraîches ou des glaces. Comme au cinéma. C’est vrai quoi, pour être dieu, on n’en est pas moins homme.

— Arrête, Michael. Viens, me dit Raoul en me prenant l’autre bras.

Je poursuis, imperturbable :

— Regarde. Nous portons tous le même uniforme blanc, et le blanc c’est tout de suite sale. À peine ma toge enfilée, elle est déjà souillée. En plus, ces toges et ces tuniques sont mal coupées et pendouillent de partout. S’il vous plaît, donnez-nous des jeans !

— Calme-toi, Michael.

— Me calmer ? J’en ai assez d’être calme. Nous ne sommes pas dans une maison de retraite. Il faut dire qu’il y a si peu de plaisirs ici. Pas de cigarettes, on ne fume pas. On ne fait pas l’amour… La seule animation consiste à nous massacrer les uns les autres. Ça amuse sans doute les petits garçons qui adoraient jouer aux petits soldats, seulement moi, je préfère les poupées.

J’essaie de prendre le bras d’une Saison qui se dérobe. Alentour, plus personne ne parle. Autant vider mon sac une bonne fois.

— Et puis, il n’y a rien à lire. Rien. On prend un ouvrage dans la bibliothèque : des pages blanches, que des pages blanches. Tu allumes la télévision, pas de films, pas de programmes du tout, seulement des images de nos anciens clients qui nous ont déjà tant cassé les pieds quand nous étions anges. Pour les regarder jouer du tam-tam ou sangloter tout seuls au lit, quel spectacle ! Donnez-moi plutôt des séries américaines, même une émission de télé-achat ferait l’affaire…

Je bois encore. Le vin m’aide à retrouver ce courage qui me manque tant. Je me ressers. Je me ressers encore et encore. Passé un certain cap c’est écœurant, mais si on continue on trouve un autre cap, et c’est grisant.

— Mademoiselle, MON AMPHORE EST VIDE ! VITE, À BOIRE ! À BOIRE !

Une Heure empressée me sert. (Tiens, plus je suis désagréable, plus on me respecte.)

— Arrête ! m’intime Raoul en éloignant l’amphore.

— DE QUOI JE ME MÊLE ? De toute façon c’est dans nos gènes. Voilà la sélection de ton bon Darwin. Nos ancêtres sobres qui buvaient de l’eau, ils sont morts, logique, parce que l’eau était remplie de bactéries. Il n’y a que ceux qui buvaient de l’alcool, de la bière, du vin, de la gnôle, de la piquette qui s’en sont tirés. Les autres… pffuiiit !

Il attend que je me calme.

— Si tu continues, tout à l’heure, tu seras incapable de mettre un pied devant l’autre.

— Et alors ? FICHE-MOI LA PAIX et retourne dans ta montagne avec tes… VAUTOURS.

Je récupère l’amphore.

— C’est quoi ton problème ? demande doucement Raoul.

En guise de réponse, j’éclate de rire.

— Mon problème ? C’est que je suis FA-TI-GUÉ. Je ne vois plus le « GRAND AVENIR RADIEUX ». Mon problème ?

Je fixe mon ami.

— Écoute, Raoul. Tu ne comprends pas, TU NE VOIS PAS ? Tout est fichu, on va tous crever, il n’y aura pas un seul gagnant, il n’y aura que des PERDANTS.

Raoul s’approche tout près de moi et me saisit le bras.

— NE ME TOUCHE PAS !

— Ramenez-le chez lui, qu’il dessoûle !

La voix de Dionysos a tonné derrière moi. Deux Centaures m’attrapent, l’un par les pieds, l’autre par les bras, et m’emportent rapidement. Nous galopons dans la ville, et je sens l’air frais courir sur mon visage.

Les deux centaures me jettent dans mon fauteuil. Je ne bouge pas, tout mon corps est mou, ma tête m’élance.

Je reste prostré plusieurs minutes. Comme si je dormais les yeux ouverts, mais mon sang est bouillant. J’ai envie de rire et de pleurer en même temps.

J’essaie de me relever et m’effondre aussitôt. Le moment agréable est remplacé par une migraine que je ne pense pouvoir apaiser que par l’alcool. Il faut que je boive ! Que je calme cette douleur dans ma tête. Il n’y a que l’alcool qui peut me sauver de la douleur de l’alcool.

— J’AI SOIF. JE VEUX DU VIN !

Mais je suis seul dans ma chambre et je n’arrive même pas à me tenir debout. Mes jambes molles ne peuvent soutenir le reste de ma charpente. C’est alors que la porte s’ouvre. Les trois lunes apparaissent et comme je lève la tête j’aperçois des pieds, des jambes nues de femme à peine cachées par une toge. Et au-dessus une silhouette dont le visage est masqué par un capuchon.

— Aphrodite ?

La femme entre et ferme la porte. Elle s’agenouille et pose sa main fraîche sur mon front. Ses doigts sont doux. Elle sent délicieusement bon.

— Je crois que tu as besoin d’aide, dit Mata Hari.

Je recule d’un coup, déçu.

— Va-t’en, je n’ai besoin de personne.

Mata Hari dégage une mèche poisseuse sur mon front et me dévisage, navrée.

— Ne gâche pas tout, Michael.

— Je démissionne. Proudhon a raison : « Ni dieu, ni maître. » En tout cas, aujourd’hui il y a un dieu qui arrête de jouer.

Je reste là à ricaner.

— Fiche le camp, Mata Hari. Je ne suis pas fréquentable. Même mon peuple n’est pas fréquentable. Je suis un dieu maudit.

Elle hésite, puis recule pour partir. Sur le seuil, elle lâche :

— Sache que je ne te laisserai jamais tomber, même si je dois t’aider malgré toi, Michael. Les enjeux nous dépassent. Tu ne peux pas baisser les bras.

Je marche à quatre pattes, et trouve la force de me redresser pour pousser le loquet derrière elle. Puis en m’accrochant aux meubles je me traîne jusqu’à la salle de bains, où je m’asperge d’eau fraîche au lavabo.

Une nausée part du tréfonds de mes entrailles et je rejette un épais liquide rose mêlé de fiel qui brûle mon œsophage et ma gorge au passage. Un nouveau spasme secoue mon estomac à présent vide et je me retiens au lavabo pour ne pas tomber.

Je me fixe dans le miroir et me demande si le Grand Dieu qui est probablement là-haut a lui aussi envie de se saouler pour oublier. L’idée me rend joyeux. Et si le Grand Dieu était un ivrogne ?

Je me traîne dans le salon. Je ressens un dégoût pour moi-même, mais aussi pour tous les humains, qu’ils soient de Terre 1, Terre 17, Terre 18, Terre 100 000. Ils sont tellement exaspérants parfois, nos humains. La victoire des hommes-rats sur les femmes-guêpes a achevé de me convaincre de leur brutalité et de leur bêtise.

Secoué encore de spasmes, je m’affale sur le divan. La j’attends le sommeil. Mais le sommeil ne vient pas, c’est comme si mon cerveau, à force de frotter ses hémisphères, était en feu. Mes tempes puisent de la lave bouillante.

Le sommeil ne viendra pas.

Penser à autre chose. Surtout penser à autre chose.

Eun Bi…

Mon doigt cherche l’ankh pour allumer le téléviseur.

Le Souffle des Dieux
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